Rasséréné, il repris son chemin plus motivé que jamais. La montagne glacée, le ciel aux couleurs indéfinissables et enfin, ce lac rêvé au creux de la petite vallée. Une herbe rase cachée çà et là par les névés, quelques arbres tordus que l’on aurait cru sortis de leurs pots à bonsaï le temps de filmer la scène, et ce lac au bleu parfait imposant sa tranquillité; aucun mouvement, pas même une ride à sa surfa …
- Jérôme ! Viens manger, c’est prêt !
Ah non ! Ah non, pas pendant la scène du lac !
- Mais je m’en fout de ta scène, tout ce que je sais c’est que je ne veux pas manger froid !
Bon, allez, je vais y aller sinon ça va être encore plus long ! Toujours s’arrêter pour ceci, pour cela ; manger ? Pour quoi faire ? Boire, oui, au moins ça permet d’avancer, mais manger ! Evidemment elle ne sait pas ce que c’est d’écrire, de délirer, de rêver. D’ailleurs, elle n’a jamais voulu lire une ligne de mes bouquins : ‘Trop tarabiscoté, tes affaires là ! Je préfère mes Maigret avec Crémer !’ Tu parles d’un délire, y ferait bien de picoler un peu de temps en temps celui-là !
Au fait, faudra que je sorte me chercher une autre bouteille pour la nuit. J’espère qu’ils ont rentré du Mei Kwei, j’en aurai bien besoin pour la dépeindre. D’ailleurs, j’en aurai besoin pour le reste aussi parce que je ne vois pas bien où je vais là !
Et devine ce qu’elle a fait ? Des œufs ! Ben tiens ! Et de poules, hein, risque pas d’en sortir des petits dragons de ses œufs ! Un éternel soleil sur une plage de sable blanc …
Voilà ! Merci ma chérie, c’était très bon, je vais m’y remettre là ! L’éditeur s’impatiente et je ne suis qu’au début.
- Donc tu me laisses encore seule pour la nuit ? C’est ça ? Avec tes histoires à dormir debout. Enfin, au moins tu n’as plus rien à boire …
Alors, où en étais-je ? ‘lac au bleu parfait imposant sa tranquillité; aucun mouvement, pas même une ride à sa surfa’ ce. Jérôme s’assit au bord de l’eau …