CHAPITRE III, la suite des aventures de Jérôme
Episode 14
Coco, pas de mot imposé
Graziella venait juste de sortir de la maison de repos, où elle avait passé quatre longs mois à se remettre de l'agression dont elle avait été victime.
Le 2 juillet, en pleine nuit, on avait sonné à sa porte , elle avait ouvert, et une odeur nauséabonde l'avait submergée. Elle avait regardé sa montre à cristaux liquides offerte par Jérôme, son gentil petit voisin , " 2.04.35. indiquait le cadran...et puis, plus rien...
Elle s'était réveillée dans un lit d'hôpital... c'étaient les gens d'à côté qui alertés par les miaulements affamés du chat, avaient prévenu les pompiers...Elle gisait inanimée au milieu de son appartement "mis à sac"; pas un objet n'avait semble t'il échappé à une fouille systématique...
Il faisait bon rentrer chez soi.
Le chat était toujours là, mais son maître n'était pas encore revenu, on était début novembre. C’était rare qu'il parte si longtemps.... et il n'avait donné aucune nouvelles.
Alors, elle revit la partie d'Echecs de ce soir de juin...
Elle revit, au matin l'enveloppe glissée sous sa porte...
Elle se revit cherchant une cachette, et la glissant dans une pochette plastique, et mettant cette pochette au fond de la litière du chat, sur le balcon...
Sans même prendre le temps d'enfiler ses gants de ménage, elle sortit, la litière était toujours là, elle écarta les excréments, la pochette était toujours là... l'enveloppe aussi...'
Episode 15
Chovsouris ... Mot imposé : Chrysalide
Jérôme avait dit « avertissez les médias » mais de quoi ? Poussée par la curiosité, elle ouvrit l’enveloppe. Elle en sortit un CD, ça elle connaissait, grâce aux cours d’informatique du club des cyberpapys, elle avait même son pécé à elle (« tu verras, mamie, c’est pratique, on peut t’envoyer nos photos et même t’écrire, si on veut », disaient ses petits-fils …) Une demi-heure plus tard, elle savait tout : l’étrange rendez-vous de Jérôme au cinéma, le billet pour Vladivostok, les survols d’ovni en Mandchourie, l’adresse du restaurant « Au canard laqué »…Comment espérer être prise au sérieux avec aussi peu d’éléments concrets ! Que faire ? A qui donner le CD ? Elle entendit alors siffloter son téléphone : un SMS de Jérôme : « Mamie, j’ai besoin de vous, prenez l’enveloppe que je vous ai laissée et donnez-la au livreur qui vous attend en bas de l’immeuble, et qui vous donnera le mot de passe « chrysalide » ! Surtout ne la donnez à personne d’autre ! Merci ! Jéjé ». Soulagée, elle mit son gilet et prit l’escalier (trois étages, c’est pas grand-chose, et puis ce sacré ascenseur est capricieux …) En bas, une camionnette verte, mais personne dedans, et cette odeur ! Cette odeur nauséabonde, l’odeur de la nuit de son agression ! Soudain, elle entendit jurer bruyamment, et madame Pineau, la concierge, sortit de sa loge et lui dit : « Le monsieur étranger qui est monté vous voir est coincé dans l’ascenseur, le pauvre il doit être malade, il sent très très fort, mais faut lui dire qu’y s’inquiète pas, j’ai appelé mon mari, y va venir le décoincer » !
Episode 16
Lekium....Mot imposé "Canotier"
Graziella, poussé par la curiosité, grimpa l'étage qui la séparait de ce mystérieux monsieur coincé dans l'ascenseur. Lorsqu'elle fut à sa hauteur, elle ne vit tout d'abord rien, l'homme était de dos.
"Est-ce vous le livreur envoyez par Jérôme ?"
L'homme se retourna subitement et Graziella eut un haut le coeur....l'homme avait le visage bouffi, rongé par un eczéma....mais ce qui l'étonna le plus, c'était le canotier vissé sur la tête de cet étrange monsieur....
"Un canotier en cette saison, quelle étrangeté !" pensa-t-elle. En le regardant de plus près, elle vit qu'il tenait lui aussi à la main une enveloppe identique à la sienne.
"Nous avons visiblement quelque chose à nous échanger, balança l'homme d'une voix bien peu agréable, mais je ne ferais rien tant que l'on ne m'aura pas sorti de ce fichu ascenseur !!
- Calmez-vous, monsieur Pineau ne va pas tarder, répondit fermement Graziella."
Et en effet quelques secondes plus tard, l'homme était libéré grâce au coup de main connaisseur de monsieur Pineau.
Graziella et l'inconnu descendirent pour rejoindre la camionnette "il y a à l'intérieur une chose que je n'ai pas pu prendre avec moi" lui avait-il dit.
L'homme ouvrit la portière arrière du véhicule et se retourna vers Graziella:
"Maintenant donnez-moi l'enveloppe, et prenez ceci, j'ai pas que ça à faire !"
Graziella s'exécuta, regarda à l'intérieur de la camionnette, pris le colis qui s'y trouvait et l'enveloppe que l'homme avait négligemment jetée dessus, puis se retourna et pris le chemin de son appartement. Le colis était bien lourd malgré sa petite taille et cette odeur nauséabonde qui s'en échappait faillait faire tourner de l'oeil monsieur Pineau qui s'était proposé pour l'aider à le monter jusqu'à chez elle.